En octobre 2018, 12 casiers bleus d’un genre nouveau apparaissent dans les rues de Montreuil (Seine-Saint-Denis). Installés par Emmaüs Alternatives, ils permettent à des personnes vivant à la rue d’accéder à un espace où entreposer leurs affaires en toute sécurité. En contrepartie, ces dernières acceptent un accompagnement social individualisé. Depuis, les casiers ont fait preuve de leur efficacité et le projet a changé de dimension. On vous explique.
Les casiers solidaires s’inscrivent comme un dispositif innovant dans l’accompagnement social. Inspirés d’une initiative portée par l’association portugaise ACA, ils ont été importés à Montreuil en 2018 par Emmaüs Alternatives, qui propose notamment des services d’accompagnement et d’insertion par l’activité économique et l’accès aux droits et au logement. Le dispositif se base sur une démarche d’« aller vers », qui consiste à proposer à des personnes à la rue de se délester de leurs effets personnels dans un casier privatif, installé dans l’espace public et accessible 24h/24. À cela s’ajoute un accompagnement social individualisé et adapté à leurs problématiques.
Une réponse efficace à des besoins spécifiques
Avec le soutien d’Emmaüs France (via Emmaüs Innove), de la Fondation Abbé Pierre et de la Fondation SFR, ce sont d’abord 12 casiers “tests” qui ont été installés à Montreuil avec l’objectif de toucher « des personnes éloignées de tout accompagnement social, hors des radars », explique Marie-Hélène Le Nédic, directrice du pôle action sociale et hébergement d’Emmaüs Alternatives. L’une des vertus des casiers réside dans la possibilité pour les personnes de se délester de leurs affaires. Elles échappent ainsi à la stigmatisation de porter jours et nuits leurs effets personnels dans des sacs souvent lourds et encombrants, et ne craignent plus de subir des vols.
Après deux ans d’activité, 12 nouveaux casiers solidaires ont rejoint le contingent montreuillois en novembre 2020, suite à de premiers résultats encourageants. A l’époque, 16 personnes avaient pu être accompagnées, dont 3 avaient définitivement quitté la rue et 4 avaient entamé une démarche d’insertion professionnelle. La dynamique s’est amplifiée avec le renforcement du dispositif et des résultats très satisfaisants pour Marie-Hélène Le Nédic : “Jusqu’à aujourd’hui, 47 personnes ont été accompagnées avec les casiers de Montreuil et 15 d’entre elles sont sorties de la rue durablement. Sachant qu’en moyenne, une personne dispose d’un casier sur un an, ce sont des chiffres très encourageants, qui nous ont permis de prouver à la Direction régionale et interdépartementale de l’hébergement du logement (DRIHL) du 93 que ça fonctionnait.”
Un changement d’échelle avec « La France s’engage »
2020 n’a pas seulement été l’année d’une première montée en puissance, mais aussi celle d’une reconnaissance institutionnelle forte. En effet, avec ses casiers solidaires, Emmaüs Alternatives intègre le palmarès des structures lauréates de “La France s’engage”. Une reconnaissance du caractère innovant du dispositif, et des premiers résultats obtenus, qui a également permis à ce dernier de se développer, comme l’explique Marie-Hélène Le Nédic : “Avec La France s’engage, le dispositif a complètement changé d’échelle et des projets d’installation de casiers ont essaimé dans plusieurs autres villes ! Ainsi, 12 casiers sont installés à Clermont Ferrand depuis bientôt 2 ans, 24 casiers seront bientôt installés à Paris, 12 seront livrés à Annecy en octobre, et on en a encore respectivement 12 et 6 en commande à Amiens et à Vannes.”
De nouveaux casiers devraient aussi faire leur apparition prochainement à Angers. Un plébiscite qui vient confirmer la réussite mais surtout le grand potentiel de développement des casiers solidaires.