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Des nouvelles peu rassurantes sur le front du logement

Des nouvelles peu rassurantes sur le front du logement

La Fondation abbé Pierre, membre d’Emmaüs France, a présenté le vendredi 1er février son 18ème rapport sur l’état du mal-logement en France. Dans un contexte social toujours plus critique, face à la montée de la pauvreté et de la précarité, les difficultés se font de plus en plus pressantes. 

10 millions de personnes touchées de près ou de loin par la crise du logement, 3,6 millions de personnes mal-logées, près de 150 000 personnes sans domicile : les chiffres sont sans appel. Plus généralement, la France comptait 8,6 millions de personnes pauvres – personnes dont le niveau de vie est inférieur à 60% du revenu médian, soit 964 euros par mois – en 2010, soit 14,1 % de la population. « Tous les indicateurs de terrain sont au rouge, constatait Christophe Robert, porte parole de la Fondation abbé Pierre, lors de la présentation du rapport à la Porte de Versailles. Renoncement aux soins médicaux, non paiement des frais de cantine, augmentation sensible des demandes d’aide alimentaire… Les alertes se multiplient. »

Les 115 en crise

Dans ce paysage social préoccupant, les données du rapport sur l’état du mal-logement de la Fondation abbé Pierre n’invitent pas à l’optimisme : alors que la loi impose l’accueil inconditionnel des personnes sans-abri, les dispositifs d’hébergement et les centres d’accueil sont plus que jamais saturés. Selon le Premier baromètre hivernal du 115 pour 2012-2013 établi par la FNARS, les demandes d’hébergement reçues au 115 ont ainsi augmenté de 37% en novembre 2012 par rapport à novembre 2011, de 52% chez les jeunes de 18 à 24 ans et de 60% chez les familles avec enfants, désormais majoritaires. Faute de places disponibles, plus de 3 personnes sur 4 n’obtiennent pas de prise en charge. Enfin, l’augmentation des appels au 115 se manifeste également dans des régions qui étaient jusqu’à présent épargnées, signe que le mal-logement s’enracine aujourd’hui dans tous les territoires. Les capacités d’accueil restent donc insuffisantes et répondre à l’urgence sociale devient dès lors impossible : comme le rappelle la Fondation abbé Pierre, en 2012, des professionnels de l’hébergement, désemparés, ont décidé d’exercer leur droit de retrait ou de démissionner.

Une situation complexe pour les locataires

Autre dimension du mal logement pointée dans ce 18ème rapport : une conjoncture très défavorable pour les locataires. « Les loyers ont augmenté de 50 % en dix ans, les charges de 64 % entre 2000 et 2011 et la France est le seul pays européen où le prix des loyers n’a pas diminué malgré la crise ! », s’indigne Christophe Robert. Depuis plusieurs années, la part du logement dans le budget des ménages n’a cessé d’augmenter et les conséquences sont palpables : la hausse des impayés, notamment en ce qui concerne les loyers et les factures d’énergie, est révélatrice de cette tendance… « Il n’est donc pas étonnant de constater de nouveaux records atteints en matière d’expulsions (plus de 113 000 décisions de justice en 2011) », constate la Fondation abbé Pierre. Un triste phénomène qui s’accompagne d’un net durcissement dans la façon dont sont gérées ces situations : en 2011, 12 759 expulsions locatives ont lieu avec le concours de la force publique… Un chiffre en augmentation de 115% par rapport à l’année 2000.

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Pour une nouvelle politique du logement

Avec ce rapport, la Fondation abbé Pierre apporte donc un éclairage concret sur les grandes figures du mal-logement en France. Objectif : inviter les pouvoirs publics à adapter la politique du logement à cette diversité. Le 1er février 2011, François Hollande, alors candidat à l’élection présidentielle, s’était engagé solennellement en faveur d’un « Contrat social pour le logement ». Un an plus tard, en présence de Cécile Duflot, ministre du Logement, la Fondation abbé Pierre a souhaité rappeler les quatre axes prioritaires de ce document : produire suffisamment de logements pour répondre aux besoins sociaux ; maîtriser les loyers et améliorer la couverture des aides au logement ; refonder la politique en faveur des sans-abri et des mal-logés ; et enfin, poursuivre la rénovation urbaine et relancer la politique de la ville. Si certaines mesures adoptées par le gouvernement depuis mai 2012 invitent à l’optimisme et si des gages de bonne volonté sont perceptibles chez les dirigeants, du côté des associations, la vigilance continuera d’être de mise en 2013.