Monoparentales, recomposées, divisées… Dans son 18ème rapport sur l’état du mal-logement, la Fondation abbé Pierre pointe l’impact des problèmes de logement sur ces familles, faute de politiques adaptées à des transformations sociales pourtant incontournables.
La structure familiale, depuis plusieurs années, connait de nombreuses transformations. Pères séparés et « non gardiens », femmes seules avec enfants, familles recomposées qui deviennent alors familles nombreuses… Changements sociétaux oblige, la famille n’a plus aujourd’hui la même forme qu’il y a cinquante ans : la vie en couple a reculé, les séparations se multiplient et de plus en plus de personnes vivent seules avec leurs enfants. Si ces transformations ne sont pas nouvelles, elles ont d’autant plus de conséquences qu’elles interviennent dans un contexte économique dégradé, dans un marché immobilier très tendu.
De nouvelles formes de mal-logement…
Les familles monoparentales sont aujourd’hui 2,5 fois plus nombreuses qu’en 1968. En outre, ces familles ont connu une nette détérioration de leurs conditions de vie : leur risque de pauvreté est deux fois supérieur à celui des autres ménages. « Un tel résultat n’est pas étonnant car la monoparentalité touche davantage les femmes les moins favorisées. Au final, 32% des familles monoparentales vivent en dessous du seuil de pauvreté (contre 6,5% des couples avec enfants) », indique ainsi la Fondation abbé Pierre dans son rapport. La division par deux du niveau de ressources, associé à l’apparition de nouvelles charges et à la hausse des prix des loyers ou des dépenses d’énergie sont autant d’éléments qui expliquent les difficultés que connaissent ces « nouvelles » familles. Autres personnes touchées de plein fouet par ces transformations, les pères séparés « non gardiens », qui peinent à retrouver un logement pour accueillir leurs enfants lorsque la mère a la garde principale.
… Et des familles fragilisées par la crise du logement
Si ces « nouvelles » familles sont donc en première ligne quand on aborde les problématiques de mal-logement, force est de constater que la crise du logement entraîne elle-même des modifications de la cellule familiale. Face à une offre locative limitée et à des niveaux de loyers élevés, certaines familles sont obligées de déménager, s’éloignant par là de leurs habitudes et de leurs proches. Dans d’autres configurations, la crise du logement peut nuire à l’autonomisation des jeunes adultes : quitter ses parents pour accéder à un logement autonome devient de plus en plus difficile pour la majorité des jeunes, contraints à une cohabitation prolongée qui peut nuire aux bonnes relations entre les membres de la famille.
Des politiques qui doivent s’adapter à ces mutations
« Il est donc primordial de réfléchir aujourd’hui à ces évolutions de la famille, et à ce que cela implique pour la politique du logement », constatait Patrick Doutreligne, délégué général de la Fondation abbé Pierre, lors de la remise du rapport sur l’état du mal-logement. En effet, c’est encore le modèle de la famille nucléaire traditionnelle qui sert de référence, et les solutions proposées, souvent précaires – accueil et hébergement d’urgence, logement social – ne sauraient suffire. Pour l’association, l’intervention publique en matière de logement devra donc prendre acte de ces mutations, pour éviter que les temps de transition familiale, comme les séparations ou la naissance d’un enfant, ne se transforment en basculement vers la précarité et l’exclusion.