Emmaüs lance son premier podcast. « Un autre monde » c’est une série de podcasts en trois épisodes sur les coulisses d’Emmaüs. Dans chaque épisode, l’auditeur part à la découverte des innovations sociales audacieuses qu’Emmaüs met en place depuis plus de 70 ans, pour lutter contre toutes les formes de précarité et d’exclusion. Un podcast pour rencontrer celles et ceux qui façonnent au quotidien un monde plus juste, plus solidaire et plus écologique : personnes accompagnées, bénévoles, responsable.
Un autre monde, ce sont des voix plurielles, engagées et porteuses d’espoir ; des voix pour ouvrir les yeux sur le monde qui nous entoure.
Un autre monde, c’est un voyage à travers les initiatives solidaires d’Emmaüs, conté par Pina Wood, artiste, metteuse en scène, dramaturge et poétesse qui connait bien les communautés Emmaüs pour collaborer régulièrement avec certaines d’entre elles…
Episode 1 : les inventivités vertueuses
Dans le premier épisode d’Un Autre Monde, Pina Wood part à la rencontre de ces personnes qui se mobilisent pour trouver des solutions concrètes afin que chacun trouve sa place dans la société. Un premier voyage en trois étapes : la Communauté Emmaüs de Toulouse, le chantier d’insertion en détention d’Emmaüs Mundo’ à Oermingen et le Stüdio Emmaüs.
L’exploration commence au sein d’une des 121 communautés du Mouvement.

Communauté Emmaüs Neuilly-Plaisance 1949 (c) Emmaüs International
Les communautés sont le socle historique du Mouvement Emmaüs : la première a été fondée en 1949 par l’abbé Pierre. Elles sont des lieux d’accueil, de vie, d’activité et de solidarité, qui fonctionnent sans aucune subvention et uniquement grâce à la récupération et la vente d’objets d’occasion. Fidèles au principe d’accueil inconditionnel, elles accueillent des personnes de tous horizons. La communauté permet de se reconstruire, de retrouver les repères d’une vie sociale organisée. Elle procure la fierté de se sentir à nouveau utile, et donne un sens à la vie en se mettant au service des plus démunis, grâce aux nombreuses actions de solidarité réalisées.

Axelle Brodiez-Dolino
Pour Axelle Brodiez-Dolino, historienne au CNRS, spécialiste des questions de pauvreté et auteure du livre « Emmaüs et l’abbé Pierre »
« L’originalité, presque la magie, de ce modèle communautaire, c’est que celui qui est cassé par la vie se retape en retapant des objets, celui qui n’a plus rien se retrouve en situation de donner et celui qui ne se sent plus bon à rien retrouve une utilité économique et sociale »
Depuis plus de 70 ans, ces structures Emmaüs s’efforcent d’améliorer la qualité de l’accueil proposé aux compagnes et compagnons. À la communauté de Toulouse, première étape de notre exploration, le choix a été fait de développer et de financer un programme d’accès aux « médecines douces », telles que la sophrologie ou l’hypnose, qui sont très peu accessibles aux personnes en situation de précarité. L’objectif : favoriser le bien être des personnes accueillies et entreprendre un travail de reconstruction de l’estime de soi.
« On les oriente vers ces thérapies. On participe financièrement au paiement des consultations sur deux tiers »
Edwige, assistante sociale à la communauté

Communauté de Toulouse
La communauté de Toulouse a également ouvert en décembre 2020 une matériauthèque, un nouveau lieu dédié au réemploi des matériaux, destinés aux artistes et aux bricoleurs. Elle lui permet d’approfondir sa démarche environnementale, en offrant une deuxième vie à des produits jusqu’ici destinés à être jetés.
Acheter à la matériauthèque, et acheter chez Emmaüs en général : c’est faire acte de solidarité.
« Et finalement, celui qui vient acheter comme ça, il sait que ça permet de financer nos logements. Que ça permet de financer la vie dans la communauté de 80 personnes. Que ça permet de financer quelque chose qui a du sens », ajoute Benoît, responsable de site à la communauté de Toulouse
Très vite, le mouvement Emmaüs se positionne sur d’autres activités. Pour répondre à l’explosion du chômage dans les années 80, il développe notamment l’insertion par l’activité économique. Un dispositif favorisant l’emploi des personnes qui en sont le plus éloignées.
Allant encore plus loin, Emmaüs Mundo’, en Alsace, a importé ce modèle en prison en créant le premier chantier d’insertion en milieu carcéral en France. L’atelier bois « Emmaüs Inside » embauche des détenus en contrat d’insertion. Loin des tâches répétitives souvent proposées en prison, ils y acquièrent des compétences techniques et des savoir-être qui facilitent leur réinsertion. Ils apprennent à rénover des meubles récupérés au préalable chez des particuliers : armoires, bibliothèques, tables ou étagères…Leurs créations sont ensuite vendues dans la boutique Emmaüs, à Mundolsheim
Le directeur d’Emmaüs Mundo’, Thierry Kuhn nous explique leurs objectifs :
« Notre objectif c’est de permettre à toute personne quelle qu’elle soit (…) de retrouver une activité d’utilité sociale, d’autoriser chacun à être utile socialement, d’intégrer une activité solidaire tout en retrouvant un emploi, une activité et de bénéficier d’un accompagnement social et professionnel pour permettre de construire un projet professionnel mais aussi un projet de vie »

Atelier Emmaüs Mundo
Pour lui, la lutte contre la pauvreté impose de rester en mouvement, créatifs, à l’écoute :
« La vraie réponse pour demain, pour lutter contre l’exclusion c’est qu’il faut inventer une case pour chacun. Il faut qu’on reste toujours en éveil pour trouver des solutions adaptées au territoire et aux personnes »
Inventer une case pour chacun. S’adapter au mieux au situation des personnes. C’est aussi ce que fait Stüdio Emmaüs, le studio de design du mouvement Emmaüs et la dernière étape de ce premier épisode… Le Stüdio Emmaüs regroupe trois ateliers de création du Mouvement Emmaüs qui oeuvrent pour un design durable : l’Atelier Emmaüs, les Résilientes et les ReCréateurs. Leur objectif ? Faire du design et de la création d’objets upcyclés un levier d’insertion. Dans les ateliers, les professionnels du design d’objet et de la couture transmettent leur savoir-faire à des salariés en insertion. Ces initiatives participent aussi à l’économie circulaire grâce à la revalorisation de bois et de textiles destinés à être jetés et évitent le gaspillage des ressources. Faire du beau pour faire du bien, c’est l’ambition de Stüdio Emmaüs.
« L’idée c’est d’avoir une nouvelle activité pour permettre un retour à l’estime de soi à travers l’acte créatif et pour accompagner les personnes dans le développement de nouvelles compétences (…) transférables dans d’autres métiers. »Eugénie de la Rivière, designer et responsable des Résilientes

Studio Emmaüs – Atelier Emmaüs
Raul a été embauché aux Résilientes : « La couture m’a beaucoup aidé. La première fois quand je suis arrivé j’ai fait des coussins et Eugénie m’a demandé de faire des pulls. Et elle m’a dit « wow, c’est bien, vous pouvez en faire mille ! » ».
Il y a mille et une façons de faire solidarité. Emmaüs le montre au quotidien. Dans le prochain épisode, nous continuerons notre exploration et découvrirons de nouveaux modes d’action mis en place par Emmaüs pour lutter contre la précarité et l’exclusion.
Un autre monde est disponible sur toutes les plateformes de podcast.
Remerciements
Un grand merci à Mayli et Benoît de la communauté de Toulouse, Thierry d’Emmaüs Mundo’ ainsi que la Direction interrégionale des services pénitentiaires Strasbourg Grand Est, Anne et Eugénie de Stüdio Emmaüs et Axelle Brodiez-Dolino d’avoir rendu possible cette aventure! Merci également à toutes les personnes qui ont témoigné dans ce premier épisode : Raul, Edwige, Sylvie, Bertrand, Stéfania, Christian, et les personnes détenues du chantier d’Emmaüs Inside. Merci enfin à Emmaüs International et aux Archives Nationales du Monde du Travail pour les extraits audio.
Production Studio Ground Control ; direction éditoriale : Mathilde Girault ; production et écriture : Laura Eisenstein ; réalisation et mix : Frédéric Haury ; voix-off : Pina Wood ; Identité graphique : Rose Bernard.
Crédits audio Abbé Pierre ©️Emmaüs international, légataire universel de l’abbé Pierre. Les documents reproduits sont issus des archives de l’abbé Pierre et d’Emmaüs International déposées aux Archives Nationales du Monde du Travail à Roubaix (France).